Page 3 - Guide de pratique de l’Association des urologues du Canada pour la prise en charge des lésions kystiques du rein
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Prise en charge des lésions kystiques du rein
Description de la classification de Bosniak catégorie représente des lésions kystiques modérément com-
plexes qui ne peuvent être classées sans équivoque comme
Grâce à la classification de Bosniak, les lésions cystiques du des kystes de catégorie II ou III. Ils peuvent contenir un
rein peuvent être classées en ordre croissant de risque de nombre accru de cloisons minces ou de cloisons légèrement
formation d’une tumeur comme suit (tableau 1) : épaissies, mais lisses. Une calcification épaisse ou nodulaire
peut également être présente, mais sans rehaussement. Les
Catégorie I de Bosniak kystes hyperdenses de grande taille (≥ 3 cm et > 20 UH)
font également partie de ce groupe 20-22 . Toute lésion qui ne
Les lésions de la catégorie I sont des kystes rénaux simples satisfait pas aux critères de la catégorie II mais qui n’est
et représentent la majorité des lésions rénales décelées par pas aussi complexe que les lésions de catégorie III doit être
imagerie abdominale . Ces lésions sont caractérisées par placée dans cette catégorie.
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leur contour régulier et une interface claire avec le paren- À l’instar des deux catégories précédentes, la plupart des
chyme rénal. Elles ne comprennent aucune cloison ni cal- kystes de cette catégorie sont bénins. Selon notre revue de la
cification, et ne sont pas rehaussées à la suite de l’injection littérature, environ 27 % des lésions traitées par voie chiru-
intraveineuse d’un agent de contraste. Elles sont homogènes gicale sont cancéreuses. Cependant, en raison des limites
et leur densité hydrique est de 0 à 20 UH à la tomodensi- susmentionnées, il s’agit probablement d’une surestimation
tométrie. Ces lésions sont également faciles à repérer par du véritable risque de cancérogénicité. Si tous les kystes
échographie et apparaissent comme des lésions anéchoïques de catégorie IIF de Bosniak traités de façon conservatrice
à paroi mince avec rehaussement postérieur et des parois étaient bénins, le risque de cancérogénicité atteindrait 8 %;
lisses nettement marquées . par conséquent, le véritable taux de tumeurs liées aux kystes
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de catégorie IIF de Bosniak se situe probablement entre 8
Catégorie II de Bosniak et 27 % (tableau 2).
Ces kystes sont légèrement plus complexes que ceux de la Catégorie III de Bosniak
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catégorie I . Ils peuvent présenter quelques cloisons très fines
(< 1 mm) et peuvent avoir des calcifications (généralement Cette catégorie englobe une variété de lésions kystiques dont
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petites [1-2 mm], linéaires, pariétales ou septales) . Les la différenciation entre cas malins et bénins ne peut être faite
petits kystes hyperdenses (< 3 cm de diamètre et > 20 UH) avec fiabilité par imagerie . Ces lésions présentent une paroi
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sont également classés dans cette catégorie. Ces kystes ne irrégulière et épaisse comportant des nodules. Elles peuvent
sont généralement pas rehaussés sur les clichés d’imagerie également présenter des cloisons rehaussées (généralement
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avec produit de contraste . multiples) qui sont généralement irrégulières, épaissies et/
La majorité des kystes de catégorie II sont considérés ou calcifiées. On croit qu’une proportion importante de ces
comme bénins. Bien que la revue de la littérature ait montré kystes est cancéreuse (moyenne de 54 %, tableau 2) 6,11-13,15,20-
qu’environ 11 % des kystes de catégorie II retirés par chirur- 48 , les lésions de plus grande taille étant plus susceptibles
gie sont cancéreux, on croit que c’est une surestimation d’être cancéreuses que celles de plus petite taille 47,49 .
du véritable risque de cancérogénicité, car une proportion
significative de ces études a été publiée avant l’ajout de la Catégorie IV de Bosniak
catégorie IIF de Bosniak et bon nombre de ces kystes ont été
pris en charge de manière conservatrice sans confirmation Les kystes de catégorie IV peuvent avoir des caractéristiques
en pathologie (tableau 2). Si nous excluons les études anté- similaires à ceux de la catégorie III. Elles présentent habi-
rieures et postulons que la plupart des kystes pris en charge tuellement un épaississement de la paroi et/ou des cloisons
de façon conservatrice étaient bénins, le risque de cancer épaisses et nodulaires, mais on observe aussi une partie
lié à ces lésions serait inférieur à 5 %. Ce taux est toujours solide rehaussée adjacente à la paroi ou aux cloisons 5,13,18,19,
considéré comme une surestimation brute du risque réel, 22,50 . Les lésions dans cette catégorie devraient être considé-
car la plupart des lésions malignes de catégorie II avaient rées comme malignes jusqu’à preuve du contraire (moyenne
des caractéristiques qui les rendaient trop complexes pour de 88 %, tableau 2) 5,22,51 .
être considérées comme un véritable kyste de catégorie II.
Intervention et suivi
Catégorie IIF de Bosniak
Catégorie I de Bosniak
Cette nouvelle catégorie a été ajoutée par le D Bosniak
r
pour diminuer les taux de cancer dans la catégorie II et pour Cette catégorie se compose de kystes simples considérés
diminuer le taux de cas bénins dans la catégorie III . Cette comme bénins. Il faut se rappeler que selon l’évolution
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CUAJ • Mars-avril 2017 • Volume 11, Numéros 3-4 R53