Page 4 - Guide de pratique de l’Association des urologues du Canada : Cancer de la vessie avec envahissement musculaire
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Kulkarni et al.




           d’association à base de cisplatine (gemcitabine plus cis-  atteints de cancer de stade pT3/T4 et/ou avec atteinte
           platine [GC]; méthotrexate, vinblastine, doxorubicine   ganglionnaire (niveau 2, forte recommandation).
           et cisplatine [MVAC]; ou MVAC-dd [dose dense]) à titre   -   Les patients atteints de tumeurs non métastatiques et
           de chimiothérapie néoadjuvante avant un traitement    cliniquement non résécables de stade cT4b ou cN+
           radical local (niveau 1, forte recommandation).       doivent recevoir une chimiothérapie d’association d’in-
       -   Les contre-indications absolues à la chimiothérapie néoa-  duction (primaire) à base de cisplatine si ce traitement
           djuvante incluent : indice ECOG (Eastern Cooperative   leur convient ou un autre schéma chimiothérapeutique
           Oncology Group) de 2 ou plus,  perte auditive ou neuro-  d’association si le cisplatine ne leur convient (p. ex.
           pathie de grade 2, infection non traitée, insuffisance car-  GC), ou encore participer à un essai clinique, si cette
           diaque (classes III et IV de la NYHA) et taux de filtration   option existe. Une thérapie radicale de consolidation
           glomérulaire estimé (TFGe) ≤ 50 mL/min/1,73m . Les    devrait être envisagée après une chimiothérapie d’in-
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           contre-indications relatives comprennent un TFGe situé   duction, dans la mesure du possible, en particulier chez
           entre 50 et 60 mL/min/1,73 m , des antécédents d’in-  les patients qui répondent au traitement ou dont la
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           fection récurrente et une immunosuppression concomi-  maladie est stable (niveau 3, faible recommandation).
           tante (niveau 2, forte recommandation).              Deux études cliniques de phase 3 d’envergure ont montré
       -   Les patients présentant des contre-indications à la   un avantage sur le plan de la survie avec la chimiothérapie
           chimiothérapie néoadjuvante à base de cisplatine doi-  néoadjuvante administrée avant un traitement radical local 23, 24 .
           vent passer directement à un traitement radical local   Les méta-analyses groupant les données de patients individuels
           (niveau 2, forte recommandation).                 tirées de ces essais avec celles de nombreux essais de phase
       -   Afin d’optimiser la fonction rénale chez les patients   2 semblent pointer vers un bienfait absolu sur le plan de la
           qui envisagent une chimiothérapie néoadjuvante ou qui   survie de 5 % après cinq ans (nombre de patients à traiter : 20)
           y sont admissibles, il faut éliminer toute obstruction   et une réduction de 13 % du risque relatif de mortalité chez
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           urétérale maligne par drainage par néphrostomie per-  les patients recevant une chimiothérapie néoadjuvante . Il
           cutané (opinion d’experts).                       est important de noter que les données étayant le recours à
       -  Après 2 à 4 cycles de chimiothérapie néoadjuvante   une chimiothérapie néoadjuvante proviennent principale-
           par GC ou MVAC classique, il faut procéder à une   ment d’études sur le carcinome urothélial, et qu’il n’y pas
           nouvelle stadification pour assurer la réponse au   de données robustes appuyant le recours à ce type de trai-
           traitement ou la stabilité de la maladie pendant la   tement en présence de types histologiques non urothéliaux
           chimiothérapie. En cas de maladie évolutive non   purs, sauf dans le cas du carcinome à petites cellules de la
           métastatique ou d’effets toxiques importants de la   vessie, où la chimiothérapie néoadjuvante figure parmi les
           chimiothérapie qui entravent l’administration de la   traitements de référence.
           chimiothérapie néoadjuvante, il faut interrompre     Malgré les données de niveau 1 à l’appui de la chimio-
           cette dernière et recourir à une cystectomie dans les   thérapie néoadjuvante, ce schéma a été peu adopté, et des
           4 à 6 semaines suivant la dernière dose. Les patients   données récentes indiquent encore un taux d’observance
           recevant le protocole MVAC-dd, administré toutes les   de 27 % de nos jours . Les raisons invoquées pour cette
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           deux semaines, n’ont pas besoin d’une restadifica-  lente adoption comprennent des préoccupations concer-
           tion en cours de chimiothérapie, car la courte durée   nant le retard de soins définitifs, le risque de thromboem-
           du traitement permet d’éviter le recours à l’imagerie   bolie veineuse pendant la chimiothérapie néoadjuvante,
           (opinion d’experts).                              la mortalité liée à la chimiothérapie néoadjuvante et la
       -   Les patients recevant une chimiothérapie néoadjuvante   nature non sélective de cette dernière. En réponse à ces
           devraient idéalement subir une cystectomie de 4 à 6   préoccupations, rappelons la nature randomisée des essais
           semaines, mais pas plus de 10 semaines, après la der-  appuyant la chimiothérapie néoadjuvante qui, par définition,
           nière dose pour éviter tout effet délétère sur la survie   explique déjà la thromboembolie veineuse induite par la
           (niveau 3, recommandation modérée).               chimiothérapie (dont le taux d’occurrence est plus élevé
       -   Le rôle de la chimiothérapie néoadjuvante dans le trai-  dans la population traitée par chimiothérapie néoadjuvante;
           tement du carcinome non urothélial pur (carcinome   rapport des risques [RR] : 3,39; intervalle de confiance [IC] à
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           épidermoïde, adénocarcinome, etc.) n’est pas défini;   95 % : 1,39-8,24) , les décès directement attribuables à la
           cette thérapie ne doit donc pas être utilisée (niveau 3,   chimiothérapie et tout retard possible du traitement radical
           forte recommandation).                            en raison de la chimiothérapie néoadjuvante .
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       -   Chez les patients qui ne reçoivent pas de chimiothé-  Malgré les lacunes potentielles susmentionnées, la méta-
           rapie néoadjuvante avant la cystectomie, une chimio-  analyse portant sur la chimiothérapie néoadjuvante a néan-
           thérapie adjuvante à base de cisplatine (GC, MVAC ou   moins fait état d’un avantage sur le plan de la survie. Un
           MVAC-dd) devrait être offerte aux patients admissibles   certain nombre de rapports portent également à croire que


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