Page 5 - Guide de pratique de l’Association des urologues du Canada : Cancer de la vessie avec envahissement musculaire
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Guide de pratique : CVEM




       la chimiothérapie néoadjuvante n’augmente pas la mor-  -   Le moment optimal de procéder à une CR en l’absence
       bidité peropératoire ni les taux de complications, ce qui   de chimiothérapie néoadjuvante est dans les six semaines
       appuie davantage son utilisation 29,30 . Avant l’administration   suivant la RTUTV (niveau 3, recommandation modérée).
       du traitement radical définitif, il faut laisser écouler bien du   -   Une optimisation préopératoire est recommandée chez
       temps (habituellement 2 à 3 semaines) pour le retour à la   les patients devant subir une CR, selon les protocoles
       normale des paramètres de la formule sanguine complète et   ERAS (Enhanced Recovery after Abdominal Surgery)
       l’optimisation de l’état physique du patient après la fin de   approuvés (niveau 2, recommandation modérée).
       la chimiothérapie néoadjuvante. Le moment idéal pour un   -   Chez les patients de sexe masculin, la CR implique
       traitement radical après une chimiothérapie néoadjuvante,   l’ablation de la vessie et de la prostate en bloc. Une
       tel que préconisé par l’Association canadienne d’oncologie   intervention d’épargne nerveuse peut être offerte sans
       médicale génito-urinaire (CAGMO), se situe autour de 4 à 6   risque à certains patients qui souhaitent préserver leur
       semaines, bien qu’il ait été montré qu’une fenêtre maximale   fonction sexuelle (niveau 3, recommandation modérée).
       de 10 semaines ne compromettait pas les résultats 31,32 .   -   Chez les patientes, la CR implique l’ablation de la
         Jusqu’à présent, il n’existe aucun essai avec répartition   vessie, des organes reproducteurs (utérus et ovaires)
       aléatoire comparant la chimiothérapie néoadjuvante à la   et de la paroi antérieure du vagin. Dans les cas où
       chimiothérapie adjuvante. Bien que les données appuient   l’emplacement de la tumeur le permet (c.-à-d. tumeurs
       l’utilisation de la chimiothérapie adjuvante, le bienfait en   antérieures), une intervention chirurgicale d’épargne
       matière de survie étant d’environ 23 % (rapport des risques   des organes reproducteurs féminins (utérus, ovaires et/
       instantanés [RRI] : 0,77; IC à 95 % : 0,59-0,99) selon les   ou vagin) peut être offerte aux femmes qui souhaitent
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       données tirées de méta-analyses , aucun essai de phase    préserver leur fonction sexuelle et/ou reproductive
       3 unique n’a montré de bienfait lié à la chimiothérapie   (niveau 3, recommandation modérée).
       adjuvante en matière de survie globale comparativement à   -   Le curage ganglionnaire pelvien bilatéral avec ablation,
       l’observation. Même si l’essai de phase 3 le plus récent de   au minimum, des ganglions lymphatiques obturateurs,
       l’Organisation européenne pour la recherche et le traitement   iliaques externes et iliaques internes doit être effectué
       du cancer (EORTC) portant sur cette question a montré un   chez tous les patients (niveau 3, forte recommandation).
       bienfait significatif en matière de survie sans progression   -   La dérivation urinaire orthotopique devrait être offer-
       (RRI : 0,54; IC à 95 % : 0,40-0,73), au final, il n’avait pas   te à tous les patients admissibles comme solution de
       la puissance statistique requise pour montrer un bienfait   rechange à un conduit iléal. L’évaluation peropératoire
       en matière de survie globale (RRI : 0,78; IC à 95 % : 0,56-  d’une section congelée de la marge urétrale doit être
       1,08) . La qualité globale des données est également en   effectuée avant la création d’une dérivation orthotopi-
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       faveur de la chimiothérapie néoadjuvante en tant qu’option   que (niveau 3, recommandation modérée).
       de choix en contexte peropératoire car plusieurs essais sur   -   Une urétrectomie doit être pratiquée chez les hommes
       la chimiothérapie adjuvante avaient une population insuf-  présentant une maladie urétrale de haut grade ou inva-
       fisante, ont été terminés de façon précoce ou n’avaient pas   sive distale par rapport à l’urètre prostatique, et en cas de
       une puissance statistique suffisante. De plus, de nombreux   marge urétrale positive ou d’atteinte du stroma prostati-
       patients présentent une détérioration de la fonction rénale   que soupçonnée chez l’homme et de tumeurs du col vési-
       après une CR, ce qui entraîne un taux estimatif d’inadmis-  cal chez la femme (niveau 3, recommandation modérée).
       sibilité à la chimiothérapie adjuvante postopératoire de   -   Les approches laparoscopiques/par robot et les appro-
       24 à 52 %. selon les critères utilisés . Les complications   ches ouvertes sont des méthodes acceptables pour effec-
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       postopératoires peuvent également limiter l’utilisation de la   tuer une CR et donnent des résultats comparables dans
       chimiothérapie adjuvante, privant environ 30 % des patients   le cas du cancer (niveau 1, recommandation modérée).
       qui auraient pu être admissibles d’un traitement qui leur est   -  La cystectomie partielle est déconseillée dans le trai-
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       nécessaire .Comme la maladie métastatique est la cause de   tement d’un CVEM; il ne faut envisager cette interven-
       décès la plus probable pour les patients atteints de CVEM,   tion que dans des situations précises : tumeur unifo-
       une approche visant à maximiser la capacité à administrer le   cale, de petite taille (< 2 cm), tumeur située dans le
       traitement multimodal devrait être adoptée, favorisant ainsi   dôme vésical, bonne capacité vésicale, absence d’hy-
       le recours à une chimiothérapie néoadjuvante.             dronéphrose et CIS concomitant minimal ou absent.
                                                                 Des biopsies aléatoires de la vessie (plus une biopsie
       Prise en charge chirurgicale                              de l’urètre prostatique) devraient être effectuées avant
                                                                 la cystectomie partielle pour écarter toute maladie
       -  Le traitement de référence pour le CVEM localisé       occulte. Un curage ganglionnaire pelvien doit être
           est la cystectomie radicale (CR) (niveau 1, forte     réalisé au moment de la cystectomie partielle (niveau
           recommandation).                                      3, recommandation modérée).


                                                    CUAJ • August 2019 • Volume 13, numéro 8                  R51
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