Page 7 - Rapport de l’Association des urologues du Canada sur les meilleures pratiques pour la prise en charge de la douleur scrotale chronique
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Douleur scrotale chronique
douleur psychosomatique n’a été bien étudié, la thérapie étude évaluant 55 patients atteints de douleur scrotale chro-
psychodynamique pourrait aider à réduire les répercussions nique, un dépistage infectieux détaillé a été effectué chez
des symptômes et améliorer le fonctionnement social/profes- chaque patient, à l’aide notamment de cultures d’échantillons
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sionnel . La thérapie aide le patient à prendre conscience d’urine et de sperme et par dépistage d’ITS . Seulement 12
de ses comportements mésadaptés tout en l’éloignant de la des 55 (22 %) patients présentaient une numération bac-
pensée catastrophique, ce qui mène à un soulagement de térienne significative jugée pertinente sur le plan clinique,
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la douleur (niveau 4, grade C). tandis que 64 % des patients avaient déjà reçu un traitement
La thérapie cognitive comportementale (TCC) s’est aussi antibiotique, ce qui porte à croire qu’un nombre significatif
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révélée prometteuse contre la PC et le SDPC . La TCC peut de patients pourraient avoir été surtraités (niveau 3, grade C).
aussi aider les patients à confronter leurs pensées distortion- Dans une autre étude, 44 patients consécutifs atteints de
nées par la douleur, réduire l’évitement d’activités en rai- douleur scrotale chronique idiopathique d’intensité légère
son d’une crainte irrationnelle de lésions et potentiellement à modérée et de sensibilité épididymaire localisée ont été
augmenter l’activité et réduire les restrictions causées par la traités par des antibiotiques oraux (céphalosporines ou qui-
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douleur (niveau 4, grade D). nolones comme premiers choix), ainsi que par la cessa-
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Résumé et recommandations : Chez tous les patients, tion de toute activité vigoureuse pendant quatre semaines
le traitement de première ligne devrait être constitué de (niveau 3, grade C). Après ce traitement, la douleur scrotale
changements au style de vie et de traitements physiques en et la sensibilité épididymaire avaient disparu chez tous les
raison de la nature non effractive de ces traitements. Les patients. Même s’il s’agit d’une petite étude, un traitement
changements au style de vie incluent la modification d’acti- empirique de quatre semaines par antibiotiques est une
vités aggravant la douleur, le soutien scrotal et le traitement démarche raisonnable, surtout chez les patients présentant
par la chaleur et le froid (opinion d’experts). Le traitement une sensibilité localisée aux épididymes.
physique et l’acupuncture peuvent atténuer la douleur scro- Les patients chez qui on soupçonne une épididymite
tale chronique liée à un dysfonctionnement des muscles du infectieuse doivent être traités de manière empirique,
plancher pelvien ou la douleur irradiée provenant de radi- conformément aux lignes directrices des Centers for Disease
culopathies (niveau 4, grade C). Le counseling psychologi- Control, de manière à éliminer entre autres Neisseria gonor-
que peut aider à éliminer les comportements mésadaptés rhea et Chlamydia trachomatis chez les hommes de moins
qui nuisent au patient, prévenir la pensée catastrophique de 35 ans, et les bactéries coliformes chez les hommes de
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(niveau 4, grade C) et potentiellement diminuer les res- plus de 35 ans (niveau 4, grade C).
trictions physiques liées à la douleur (niveau 4, grade D).
Agents contre la neuropathie (quatre semaines) (grade 3C)
Prise en charge par des médicaments
Chez les patients atteints de douleur neuropathique confir-
mée, le traitement de première ligne recommandé, d’après
Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) (quatre semaines) (grade 4C) l’énoncé consensuel de la Société canadienne de la douleur,
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comprend des anticonvulsivants et certains antidépresseurs .
On dispose de peu de données portant précisément sur La gabapentine et la prégabaline sont des gabapentinoï-
l’emploi d’AINS dans le traitement de la douleur scrotale des appartenant à la classe des anticonvulsivants. Ils ont
chronique, et la plupart des données proviennent d’articles été évalués dans des études cliniques de grande envergure,
sur la douleur chronique générale. Néanmoins, les proprié- principalement dans le traitement de la neuropathie diabéti-
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tés anti-inflammatoires des AINS peuvent réduire la douleur que et de la névralgie post-zostérienne . La gabapentine et
nociceptive en présence d’une inflammation continue. Si les la prégabaline se lient aux canaux calciques présynaptiques
stratégies conservatrices ne sont pas efficaces, quatre semai- dépendant du voltage dans la corne dorsale de la moelle
nes d’AINS constituent une démarche raisonnable de traite- épinière, et on croit qu’elles inhibent la transmission de
ment médicamenteux de première ligne (niveau 4, grade C). la douleur. Dans une petite étude rétrospective comparant
l’efficacité de la gabapentine et de la prégabaline chez des
Antibiotiques (quatre semaines) (grade 3C) patients atteints de SDPC, on a noté que la gabapentine était
significativement plus efficace que la prégabaline dans la
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Il est logique d’offrir des antibiotiques aux patients dont la maîtrise de la douleur . Plus de 75 % des patients traités par
douleur scrotale chronique a une étiologie infectieuse prou- gabapentine en monothérapie ont signalé une atténuation
vée par culture à partir de la première évaluation, mais les de ≥ 50 % des symptômes contre 40 % des patients traités
anbiotiques sont aussi couramment prescrits comme traite- par prégabaline en monothérapie, ce qui porte à croire que
ment empirique de la douleur scrotale . Cela dit, les données la gabapentine est plus efficace que la prégabaline dans le
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appuyant cette façon de faire sont plutôt limitées. Dans une traitement du SDPC (niveau 3, grade C).
CUAJ • Juin 2018 • Volume 12, numéro 6 R45