Page 4 - Guide de pratique de l’Association des urologues du Canada et des Urologues pédiatriques du Canada sur le dépistage et la prise en charge de l’hydronéphrose anténatale
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Capolicchio et al.
De même, les comparaisons de la longueur des reins ou du la JPU et de la JUV. Des examens cycliques comportant au
DAP d’un examen à l’autre doivent tenir compte du posi- moins deux cycles de remplissage et de miction augmente-
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tionnement du patient, puisque les clichés pris en décubitus ront la probabilité de dépistage d’un RVU . La cystographie
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ventral diffèrent des clichés en décubitus dorsal . Le jeûne mictionnelle isotopique est une méthode plus sensible de
est non seulement inutile avant une échographie vésico- dépistage du RVU entraînant une exposition moindre au
rénale, mais aussi source de désagrément. rayonnement, et est généralement recommandée pour les
Très peu d’études ont porté sur le choix du moment pour examens de surveillance ou le dépistage chez un frère ou
procéder à la première échographie postnatale; malgré tout, une sœur, dans les cas où ce dépistage est indiqué.
on a établi comme norme d’éviter de procéder à une échogra- L’objectif du CUM est d’évaluer la cause précise de l’hy-
phie pendant les deux premiers jours de la vie vu la possibilité dronéphrose anténatale et est particulièrement utile pour
de sous-estimer la gravité en raison d’une oligurie néona- exclure des entités telles que le RVU et les urétérocèles,
tale 1,21 . D’autres études ont examiné ce problème et n’ont pas ainsi que les anomalies urétrales, telles que les valves de
confirmé les résultats . De toute évidence, dans des cas tels l’urètre postérieur. Lors de l’arrivée de l’échographie obstétri-
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que des valves de l’urètre postérieur, où une prise en charge que, dans les années 1980, la tendance consistait à évaluer
postnatale immédiate est requise, il n’y a aucune raison de tous les nourrissons atteints d’hydronéphrose anténatale à
retarder l’échographie. Le délai acceptable pour la première la fois par CUM et par scintigraphie rénale, en raison de
échographie postnatale fait l’objet de controverses, et la SFU préoccupations liées à la néphropathie obstructive et aux
propose qu’elle ait lieu de 1 à 4 semaines après la naissance. infections des voies urinaires. Avec le temps, les résultats de
Le moment de cet examen dépend, dans une certaine mesure, ces examens et l’évolution naturelle de la maladie ont été
de l’attitude du médecin traitant vis-à-vis du dépistage du mieux compris . En moyenne, on découvre un RVU chez
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RVU asymptomatique. En l’absence de volonté de détecter un 16 % des nourrissons atteints d’hydronéphrose anténatale,
tel RVU, il nous paraît intuitif de procéder rapidement à des dont 25 % des cas surviennent dans le rein controlatéral,
examens d’imagerie pour évaluer une hydronéphrose anté- non dilaté . Dans cette méta-analyse, la prévalence du RVU
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natale de grade élevé (grade 3 ou 4 de la SFU) afin d’obtenir dans un rein non dilaté était de 4 %, ce qui porte à croire
des données de départ, tandis que l’examen d’imagerie pour qu’il s’agirait là de la prévalence normale du RVU chez
évaluer une hydronéphrose de faible grade (grade 1 ou 2 de l’enfant. Szymanski et al. ont comparé un groupe d’enfants
la SFU) pourra avoir lieu plus tard. Par ailleurs, les familles atteints d’hydronéphrose anténatale dépistée par CUM à un
sont grandement rassurées par des examens effectués plus tôt. groupe en observation et ont démontré que l’incidence des
En outre, l’échographie postnatale peut révéler des résultats IVU était de 1 % en présence d’hydronéphrose anténatale
subtils, tels qu’une piètre différenciation cortico-médullaire, de faible grade (grade 1 ou 2 selon la SFU) et que ces IVU
une urétérocèle ou une hypertrophie du détrusor, qui peuvent se manifestaient exclusivement dans le groupe ayant subi un
facilement passer inaperçues lors d’examens par imagerie CUM . Dans cette cohorte, l’incidence des IVU était trois
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chez un fœtus en mouvement. fois plus élevée dans le groupe atteint d’hydronéphrose de
grade élevé (grade 3 ou 4 de la SFU) que dans le groupe
Cysto-urétrogramme mictionnel (CUM) atteint d’hydronéphrose de faible grade, laissant entendre
que le grade de l’hydronéphrose était un facteur de risque
Les considérations techniques sont importantes et souvent d’IVU plus important que le RVU. Il convient de noter que
négligées dans les centres qui ne sont pas habitués à l’éva- les enfants présentant des anomalies de la vessie ou des
luation des enfants . L’examen devrait inclure un topogram- reins, à l’exception d’une hydronéphrose isolée, étaient
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me pour vérifier la présence d’anomalies de la colonne ver- exclus de l’étude.
tébrale et de constipation importante ou de calculs urinaires. Il va sans dire que tout nourrisson présentant une obs-
Il ne faut pas avoir recours à un cathéter à ballonnet, car le truction soupçonnée de la vessie (p. ex. valves de l’urètre
ballonnet peut masquer le défaut de remplissage caracté- postérieur) devrait subir un CUM sans délai. Une obstruc-
ristique d’une urétérocèle. La quantité d’urine prélevée doit tion de la vessie est à soupçonner en présence de mégaves-
être consignée et l’urine doit être analysée et mise en culture sie, d’un épaississement ou de trabéculations du détrusor,
selon les indications. La vessie doit être remplie par simple d’une hydronéphrose bilatérale de grade élevé ou d’une
gravité jusqu’à la première miction, et il faut consigner la dilatation de l’urètre postérieur. Ces soupçons sont ampli-
capacité vésicale ainsi obtenue. Des clichés de l’urètre pen- fiés par des observations confirmant une échogénicité cor-
dant la miction et des clichés postmictionnels de la vessie ticale rénale accrue, des kystes corticaux rénaux ou des
sont requis. Il peut être nécessaire de procéder à un examen antécédents d’oligohydramnios.
différé par imagerie après l’examen postmictionnel en cas Il est important de noter que l’utilité clinique du CUM dans
de RVU dans un bassinet ou un uretère dilaté, de manière le dépistage d’une hydronéphrose anténatale de grade élevé
à évaluer la présence d’une obstruction concomitante de n’est pas liée à la crainte d’une IVU, mais contribue plutôt
R16 CUAJ • Avril 2018 • Volume 12, numéro 4